Les trublions de la politique congolaise

Publié le par votre analyste pour les PRESIDENTIELLES CONGO

Quatre leaders politiques font office de trublions de la scène politique congolaise. Il s'agit de Mathias DZON de l'Union Patriotique pour le Renouveau National (UPRN), Nicéphore Fylla de Saint Eudes candidat du Parti Républicain Libéral (PRL), de Clément MIERASSA. Ils se distinguent par leur indépendance d'esprit et une certaine autonomie financière et de Marion MADZIMBA EHOUANGO de l'Association  Marien NGOUABI Ethique.


                                                                 Mathias DZON

                                       Source image :  www.lechoc.info/PAGES/29048election.htm

Quand on évoque Mathias DZON on pense illico à l'argent. En effet, la carrière professionnelle de cet homme est intimément liée aux finances. L'actuel président de l'UPRN n'a pas connu d'autres univers que celui de la haute finance.
Entre autres fonctions, il a été
Directeur Général de la Banque Internationale du Congo (BIDC), Ministre de l’économie, des Finances et du Budget du premier gouvernement d’après guerre ( il y restera jusqu’en août 2002) et Directeur National pour le Congo de la Banque des Etats d'Afrique Centrale (BEAC).
Contrairement à la majorité des candidats, il est l'une des rares personnalités de la scène politique congolaise actuelle à avoir assumé les fonctions de responsabilité à l’époque du monopartisme  sans être membre du PCT, parti-Etat. On le considère aussi comme l'un des politiques les plus patriotes. Ce patriotisme l'a poussé à se rapprocher de Pascal LISSOUBA et D. SASSOU NGUESSO à chaque fois que l'intérêt du Congo a été en jeu.
Ses détracteurs estiment qu'il s'agit plus d'opportunisme que de patriotisme. Il lui est souvent reproché, à tort ou à raison, de faire la promotion des membres de sa tribu à chaque fois qu'il a occupé des hautes fonctions. Certains arguent même qu'à chaque fois qu'il a été nommé il a transformé les entreprises et/ou les départements qu'il a dirigés en "petit Gamboma".

Fera-t-il un hold up électoral ?

Si l'argent pouvait tout faire, M. DZON rivaliserait sérieusement le président SASSOU. On le considère comme l'un des hommes politiques congolais les plus fortunés, mais il lui manque une véritable machine électorale pour déranger le pouvoir en place qui le respecte au demeurant.
Par ailleurs, on pourrait lui reprocher le manque de fibre politique. Si le natif d'Ingouélé est reconnu comme un financier hors pair, il est loin d'être un animal politique, encore moins un grand tribun.
Il est l'un des premiers candidats déclarés et a entrepris de se tailler bon an, mal an une envergure nationale. Depuis quelques mois on voit de moins en moins en lui un leader local ou clanique comme le jugeaient ses détracteurs il y a quelques années.
Pour autant, sans une machine électorale digne de ce nom, battre D. SASSOU NGUESSO ne sera pas une tâche aisée car la popularité de ce dernier s'étend jusque dans le fief supposé de M. DZON.


                                                    Nicéphore FYLLA de SAINT EUDES
 

                                          Source image : http://www.afriquechos.ch

Cet ancien Directeur associé du prestigieux cabinet international Ernest&Young a aussi dirigé Saris-Congo en tant que Directeur Général, fonction qu'il a quittée en janvier 2009 pour se consacrer pleinement à la campagne présidentielle.
Parfait connaisseur de l'entreprise et excellent manager, il a été é
lu  meilleur manager africain de l'année 2006.
Cet homme politique de la génération 90 (celle de la conférence nationale) a un cursus universitaire à pâlir plus d'un congolais. Il est notamment
Enarque, diplômé de l'Institut Supérieur de Gestion de Paris, Docteur ès économie de l'Université de Grenoble (France), Docteur en Sciences Politiques et titulaire d'une maîtrise en droit privé de l'université Marien Ngouabi de Brazzaville.
Bon nombre de jeunes congolais le considèrent comme le leader du futur. Quoiqu'il advienne en juillet 2009, Nic Fylla a de beaux jours devant lui.
Puisqu'on en est encore aux supputations, quelles sont ses chances de devenir le président de la nouvelle génération ?

Nic Fylla, comme l'appellent affectueusement ses compatriotes, est l'un des plus jeunes candidats à la présidentielle. Il n'est pas un aparatchik de l'ancien régime, il se considère d'ailleurs comme un opposant modéré du président SASSOU NGUESSO. Son capital sympathie est très élevé au sein de la jeunesse. Personnellement je ne le vois pas au palais du peuple à la fin des élections de cette année, mais je reste convaincu que dans l'avenir il faudra compter avec lui.
Cet homme politique a la chance d'avoir le temps et l'âge pour lui. Il pourrait mieux structurer son parti, remporter des sièges au Parlement et se diriger tranquillement vers le palais.


                                               Marion MADZIMBA EHOUANGO

                                          Source image : www.starducongo.com

Ce professeur de Droit à l'université de Brazzaville disait toujours à ses étudiants qu'il fallait toujours être dans le système car l'opposition ne paye pas. Ironie du sort, il est aujourd'hui considéré comme l'un des opposants les plus virulents du "système PCT".
Juriste réputé et respecté, cet  ancien Directeur de cabinet du Ministre de la Défense Justin Lekoundzou Itihi Ossetoumba (aujourd'hui malade en France) est connu pour sa réthorique et son aisance dans les débats. Il a récemment défrayé la chronique en s'affrontant avec le Contre-amiral Jean-Dominique OKEMBA, le très puissant conseiller spécial et neveu du président SASSOU NGUESSO, qui dans une de ses lettres publiées dans la presse, dit de lui qu'il est un homme aigri qui a du mal à accepter qu'on ne l'ait pas nommé Ministre.
Nombreux de ses partisans craingnirent même qu'il passat la période électorale dans une cellule de la vieille maison d'arrêt de Brazzaville.
Ce dauphin de Justin Lekoundzou Itihi Ossetoumba qui a maintes fois défié le pouvoir en place se considère toujours membre conservateur du PCT. Il milite pour le retour de la constitution du 15 mars 1992 et estime que «Si nous avons risqué la vie aux citoyens congolais, en 1997, c’était pour défendre cette constitution».
A-t-il une chance face au candidat de son parti le PCT ?

S'il est incontestablement vrai que M. MADZIMBA EHOUANGO jouit d'une certaine popularité auprès des jeunes intellectuels, il n'en demeure pas moins que sa candidature est entourée d'une certaine cacophonie qui la rend moins crédible. Son programme de société est assez éloquent mais l'électeur voit surtout  dans sa candidature un pied de nez au pouvoir en place. On y voit plutôt une défiance qu'une réelle volonté de changer les choses.
De surcroît, le président de l'Association Marien NGOUABI Ethique ne dispose pas d'une base électorale capable de vaciller le régime en place. Or pour gagner en politique il faut inévitablement réunir trois atouts : un projet, un leader et des alliés. L'Association Marien NGOUABI dispose des deux premiers, mais manque des troisièmes. Il a pourtant très tôt commencé sa fronde, mais n'a pas pu s'imposer comme l'opposant numéro un. Certains observateurs le considèrent plus comme un enfant rebelle qui voudrait montrer à son père qu'il peut voler de ses propres ailes. Sa candidature ressemble à s'y méprendre à celle d'Idrissa SECK, ancien directeur de cabinet et premier ministre du Pdt Abdoulaye WADE qui s'opposa farouchement à son ancien mentor au point de le talonner aux présidentielles 2007 avant de rallier le parti. Espérons surtout qu'il réalise un score aussi éloquent que celui du Sénégalais.
Enfin, reconnaissons quand même que s'il continue dans cette lancée, cet homme pourrait dans un proche avenir s'imposer durablement en tant que leader. Il a un fort potentiel pour cela.


                                                       Clément MIERASSA

Trublion ? des quatre candidats M. MIERASSA est celui qui porte le mieux ce qualificatif. Il est aussi le plus ancien à survivre dans les arènes politiques du Congo. Cet expert économiste a été Directeur Général du Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE),
Directeur Général de l’économie (récemment) et ancien Ministre du développement Industriel, de la Pêche et de l'Artisanat sous P. LISSOUBA ; précisément dans le gouvernement dit de "60-40" (comprendre 60% opposition, 40% mouvance présidentielle) dirigé par feu Claude Antoine DA COSTA.

Cet homme se caractérise par sa constance dans ses convictions. C'est "le tonton flingueur" de la politique congolaise. Réputé pour ses diatribes contre les mauvais gouvernants, il est le seul à s'être opposé à tous les régimes. D'ailleurs en 1990, à la veille de la conférence nationale, il fut associé avec quelques politiques congolais comme GONGARAD, à tort ou à raison, à une tentative de destabilisation du régime SASSOU I.  Il ne dût sa liberté qu'au vent du sommet de la Baule qui soufflait de plein fouet sur le Congo. La majorité de ses compagnons d'infortune sont depuis passés dans le camp SASSOU, mais lui est resté dans l'opposition. Quoiqu'il fut membre du PCT, contrairement à bon nombre d'hommes politiques congolais, on ne pourrait  lui reprocher d'être un opportuniste, encore moins un "pique-assiette" de la politique. Clément MIERASSA ne bouffe certainement pas à toutes les sauces.

Pendant la guerre de 1997, alors que tous les hommes politiques avaient pris fait et cause pour LISSOUBA ou SASSOU, il a été le seul à appeler les deux protagonistes à la sagesse et au patriotisme. Courageux, il refusa de partir en exil alors que tout le monde prenait le large. Sa neutralité pendant la guerre fit qu'on lui refusa un poste de Ministre dans le premier gouvernement d'après la guerre.

Peut-il battre DSN ?

Clems, comme l'appellent les intimes, dirige le Parti Social - Démocrate Congolais (PSDC). Il est aussi le principal animateur de l'aile radicale de l'opposition, l'Alliance pour la république et la démocratie (ARD). Ses chances de battre SASSOU ne sont pas assez évidentes. Il est certes l'un de ses opposants le plus connu et le plus ancien d'entre eux mais peine depuis des années à élargir sa base électorale. Qui plus est, il traîne l'étiquette d'éternel opposant et d'aboyeur. Enfin de compte, il devient ce genre d'hommes politiques qu'on aimerait toujours avoir dans le paysage politique pour leurs gueulantes, mais de là à lui confier les destinées de la République... Une sorte d'Olivier Besancenot à la congolaise me diriez-vous ?
Pourtant, cet autre candidat de la communauté Téké est respecté par les économistes du Congo et même de la sous-région. Son grand handicap se trouve sans aucun doute dans les alliances. Ces alliés de l'ARD étant tous candidats, l'électorat de l'opposition risquera de s'éparpiller au soir 
Du 12 juillet 2009.
En politique il ne faut jamais dire impossible. Attendons dans trois semaines.

 

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